Il y a plus d’une vingtaine d’années, mes mains se désespéraient de pouvoir façonner une matière et donner ainsi forme à mon imaginaire.  Le bois, par son côté chaleureux, noble et vivant s’est naturellement imposé pour moi. Tout d’abord entouré dans ma démarche, puis allant solitaire à mon atelier, la sculpture est devenue essentielle à mon équilibre de vie. 

L’aspect terrestre du travail de sculpteur sur bois me ramène vers le sol, m’enracine, me permettant ainsi d’aller chercher vers le haut, mes attaches plus sécurisées. Quant au bois, lui si présent, demande à revivre sous une autre forme, dans un nouvel état. Laissant mes préoccupations et attentes de côté, un dialogue avec cet élément s’amorce. Le plaisir de voir la forme émerger, s’adoucir, prendre pied sur sa base, illumine de nombreuses heures passées dans mon lieu de création, où matière et être en ressortent transformés.

Le travail du bois m’a conduit à celui de la pierre tendre. Là encore, une intimité se crée avec la matière au fil de l’avancement de la taille. La grande douceur de la stéatite ou de l’albâtre apporte une tendresse à toutes les étapes du processus de sculpture, jusqu’au polissage qui révèle la veinure unique de chaque pierre. 

Durant les temps d’hivers à l’atelier, je me suis mis à rêver de couleurs. Me lançant dans cette nouvelle expérience sur des panneaux de bois puis sur la toile, je découvre la joie des jeux de tons, de lumières et de structure qu’offre la peinture. Attaché à la région lémanique et à son paysage d’ouverture depuis très jeune, je réponds à ce sujet d’inspiration par teintes successives avec beaucoup de bonheur.